Recherche sur les commotions cérébrales au soccer – Entrevue

écrit par Marie

Last updated on: avril 23, 2022

Published on 23 janvier 2021

Je vous présente aujourd’hui une entrevue avec une femme bien inspirante, Caroline Lecours! J’ai trouvé son projet de recherche sur les commotions cérébrales au soccer (foot) très intéressant. Alors, je lui ai proposé de faire une entrevue pour mon blogue, et elle a accepté!

La première partie de l’entrevue porte sur le parcours académique de Caroline. Dans la deuxième partie, vous pourrez en apprendre davantage sur son projet de recherche.

Entrevue avec une chercheuse sur les commotions cérébrales au foot / soccer

Quel est ton parcours académique?

J’ai complété le cheminement universitaire en technologie de l’ÉTS, puisque j’ai un DEC en sciences de la nature. Ensuite, j’ai réalisé un BAC en génie mécanique avec une spécialisation « technologie de la santé ». La mention ne m’a toutefois pas empêchée de faire deux des trois stages en aéronautique! Vers la fin de mon BAC, je me suis fixé pour objectif de faire une maîtrise en génie mécanique. Je ressentais le besoin de continuer d’apprendre, c’était plus fort que l’appel du marché du travail. J’ai aussi continué l’aventure au doctorat, non seulement pour mon intérêt sur le sujet, mais aussi pour la liberté, l’autonomie et le développement personnel/professionnel! Ce type de projet se réalise principalement seul et ça m’a permis d’apprendre énormément autant au niveau technique que sur moi-même.

As-tu des conseils pour les gens intéressés à étudier aux cycles supérieurs?

Si les projets ne t’intéressent pas, crée le tien!

Pour moi, la maîtrise devait être stimulante et amusante, puisque ce n’était pas « obligatoire » pour le marché du travail. Donc, je cherchais un sujet auquel je pourrais me retrouver personnellement. Au BAC, je n’étais pas informée des différentes options concernant les projets de recherche, mais en discutant avec mon professeur – superviseur, j’ai compris qu’il est possible de créer son propre projet de recherche! En effet, ce n’est pas toujours clair pour les étudiant·es, mais si tu as une idée globale ou précise de ce que tu souhaites faire comme projet de recherche, il suffit de trouver le bon ou la bonne professeur·e – superviseur·e.

Comment trouver son ou sa professeur·e – superviseur·e?

J’ai rencontré mon professeur – superviseur tout simplement lors d’un cours au BAC à l’hiver 2014. Il était passionné par la matière qu’il enseignait et ça m’a donné le goût d’en apprendre davantage. Deux sessions plus tard, j’étais à la recherche de mon dernier stage, je lui ai donc simplement envoyé un courriel pour vérifier s’il avait des opportunités de stages. C’est ainsi que j’ai réalisé mon dernier stage du BAC à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal sous sa supervision en 2015, ce rôle il l’a maintenu jusqu’à la fin de mon doctorat en octobre 2020!

Pourquoi un stage, une maîtrise et un doctorat avec le même professeur – superviseur ?

Il m’a écouté et a démontré une ouverture d’esprit qui me rejoignait. En effet, mon stage s’était bien déroulé, toutefois le projet ne me stimulait pas personnellement pour en faire une maîtrise pour les deux prochaines années. La solution? Il m’a proposé de développer un nouveau projet relié à son domaine d’expertise, mais il a volontairement proposé le sport que je pratique depuis des années, soit le soccer. Et oui, les principes mécaniques peuvent être utilisés autant dans le domaine de l’aéronautique qu’en jouant au soccer!

Quels sont tes passe-temps?

Évidemment, je joue au soccer depuis plus de 20 ans et ça fait encore partie de ma vie! Mon jeu a naturellement changé depuis que j’ai commencé mes projets sur les commotions cérébrales. Étant bien consciente des risques et des conséquences, je suis plus prudente et j’essaie aussi de conscientiser les joueuses qui m’entourent.

Ça fait maintenant 2 ans que je me suis initiée à la couture et j’adore faire mes propres vêtements. C’est si satisfaisant de recycler les restants de tissu (même les tout petits morceaux) et mes vieux vêtements pour en faire des projets qui sont écoresponsables!

Je fais aussi du bénévolat au niveau académique. Je fais partie des mentors de G-Change, un programme de mentorat pour les jeunes femmes. Le 20 novembre dernier, G-Change avait un événement rempli d’activités et j’ai participé à l’événement à titre de co-conférencière avec mon superviseur. Ça fait maintenant 4 ans que je fais du bénévolat « personnel ». Ce n’est pas pour un organisme, mais plutôt par le bouche-à-oreille ou par LinkedIn où des parents me demandent de l’aide pour leur adolescent(e).

Caroline Lecours devant son poster à ca conférence ISB-ASB.  Elle présente sa recherche de son doctorat sur les commotions cérébrales au soccer

Projet de recherche sur les commotions cérébrales

À la maîtrise et au doctorat, j’ai étudié le risque de commotions cérébrales, plus spécifiquement appliqué au soccer. Et attention, le risque est bien présent au soccer.

Comment l’ingénierie peut-elle être utile aux commotions cérébrales dans les sports?

On me pose souvent la question : « pourquoi t’intéresses-tu aux commotions cérébrales si tu es en génie mécanique? ». Les gens associent souvent le génie mécanique à l’aérospatiale ou à la fabrication de pièces, mais les principes mécaniques s’appliquent aussi lors de blessures. Par exemple, pour les commotions cérébrales, les accélérations de la tête des athlètes au cours d’un impact sont particulièrement intéressantes.

Il est aussi important de comprendre la différence entre le rôle de la médecine et de l’ingénierie. En médecine, on cherche à diagnostiquer et à traiter la commotion cérébrale. En ingénierie nous cherchons à comprendre les mécanismes de blessure, en nous demandant « comment la commotion cérébrale est-elle survenue? ». Les pistes de réponse permettent de mieux prévenir les blessures en développant des équipements de protection, tels que des casques ou en recommandant des changements au niveau des règles du jeu.

Pourquoi étudier la commotion cérébrale?

La commotion cérébrale est une blessure extrêmement complexe et toujours incomprise, et ce, malgré un grand nombre d’études publiées. Une multitude de facteurs peuvent intervenir et avoir une influence sur le risque de commotion cérébrale dans les sports. Ces facteurs peuvent être l’âge et le genre des athlètes, la fatigue physique et mentale, ainsi que le port d’équipement de protection.

Comment fais-tu pour étudier les commotions cérébrales au soccer?

C’est effectivement un sport qui apporte une difficulté supplémentaire, puisque les athlètes ne portent pas de casques de protection. Au soccer, comme dans les sports qui ne nécessitent pas le port de casques, les capteurs qui mesurent les accélérations de la tête peuvent être apposés sur la peau, insérés à l’intérieur de bandeau ou même être intégrés dans un protecteur buccal. Pour les sports, comme le football ou le hockey, les capteurs sont plutôt logés directement dans les casques.

Caroline Lecours devant un signe de l'Université de Oxford en Angleterre où elle a fait un stage de recherche pour son doctorat. Elle étudie les commotions cérébrales au soccer.
Caroline Lecours pendant son stage de recherche à l’Université de Oxford en Angleterre.

Est-ce que tes expériences se déroulaient avec des athlètes en laboratoire?

Non! En fait, je mesurais les accélérations de la tête des athlètes lors des entraînements et des matchs. J’ai eu le plaisir de subir les caprices de dame nature! Certains matchs se déroulaient sous le soleil à 30 ᵒC, d’autres sous la pluie et même la neige. Des moustiques se sont même acharnés sur mes jambes lorsque je filmais un match… au point où j’ai dû me rendre en pharmacie immédiatement après la séance pour traiter les piqûres!

Comment tes mesures peuvent aider à comprendre les commotions cérébrales?

En fait, dans mon projet je m’intéressais aux accélérations qui peuvent être considérées comme dangereuses. Ce n’est pas une tâche simple, puisque chaque athlète est unique. Le risque peut être plus important si l’athlète est un enfant et non un adulte ou si l’athlète a déjà subi une commotion cérébrale. Il est donc essentiel de noter toutes les informations disponibles pour identifier les facteurs les plus importants. Par exemple, dans mon projet, je me suis intéressée à l’âge et au genre des athlètes, la température de l’air ambiant, au type de terrain (naturel ou synthétique), aux dimensions des ballons, à l’historique de commotion cérébrale, aux dimensions du cou des athlètes et même au nombre d’années d’expérience de jeu.

Quels sont tes projets pour le futur?

Après 12 ans d’études post-secondaires, je me permets de prendre des vacances (!!!!!). Je veux prendre le temps de réfléchir à la suite. Même avec un doctorat en poche, je ne sais pas « exactement » où cela m’amènera, à savoir si je poursuis dans le domaine de la recherche ou si je rejoins l’industrie? Domaine de la santé ou aéronautique ou autre? Développement de produits ou gestion de projet? Je termine mon parcours scolaire avec plus de questions qu’au départ!

Conclusion

J’espère que vous aurez trouvé cet article aussi inspirant que moi lorsque j’ai lu les réponses de Caroline à mes questions. Si vous avez la moindre question pour elle, n’hésitez pas à les laisser en commentaires, je suis sûre qu’elle se fera un plaisir de vous répondre!

Mention spéciale – « Merci Eric pour ta supervision » – Caroline

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